La bio décolle, certains s'affolent!

Oui la bio décolle et c'est tant mieux, tant mieux pour nos enfants qui supporteront déjà l'incertitude de vivre une vie meilleure, la crainte d'un effondrement lié à un changement climatique aux conséquences probablement inimaginables, tant mieux pour tous ceux aussi qui aspirent à un monde réconcilié avec la nature, tant mieux pour nos paysages, notre alimentation, la biodiversité et tous ceux qui œuvrent pour l'apaisement et l'harmonie des êtres vivants.

Alors pourquoi autant d'inquiétudes alors même qu'il y a à peine 10% du chemin parcouru, que tombent encore autant d'arbres et disparaissent tant d'espèces, que s'accroissent les inégalités et monte la xénophobie.

Je veux bien admettre que ceux qui s'enrichissent de la pétrochimie se posent quelques questions et se voient dans l'obligation de revoir leurs business plan tout comme on peut comprendre le désarrois de ceux à qui on a enseigné pendant un demi siècle un modèle de production, des méthodes de vente ou un mode de consommation basés sur toujours plus et qui soudain se retrouvent sans repères, mais ceux qui militent depuis des années, de quoi ont ils peur maintenant?

Il est vrai que notre modèle économique basé sur les échanges hypers mondialisés et la loi du plus fort pour des prix les plus bas n'est pas encore vraiment adapté à l'idéal d'un monde équitable. C'est peut-être ceci qui amène les uns et les autres à craindre une baisse des prix par l'arrivée de la surproduction où la perte de confiance  des consommateurs amenant les mêmes conséquences. Il est vrai aussi que quand on a pendant des années milité, combattu avec peut-être l'idée que c'était une utopie, se voir dépossédé subitement des slogans et formules milles fois répétées fait monter l'inquiétude d'une récupération sans assimilation.

Cependant la peur n'évite pas le danger, elle est mauvaise conseillère et j'attends autre chose de ceux qui pendant longtemps ont su modeler un rapport au sol et son environnement, un équilibre entre production animale et production végétale, imaginer des échanges commerciaux basés sur la confiance et l'équité, observer, expérimenter et recommencer en tirant enseignement des échecs.

J'appelle donc tous les pionniers à ne pas se résigner à manifester ou se lamenter mais retrouver des neurones pour imaginer, construire, dialoguer et laisser tomber l'idée que ceux qui n'ont pas eu la chance d'être les inventeurs du moment méritent la méfiance à tout jamais.

C'est l'heure maintenant d'affirmer la nécessité de progresser et l'occasion pour cela de s'ouvrir à qui peut contribuer à une alimentation de qualité, une nature préservée et un peu plus d'humanité!

Ce serais au regard de ce qu'il reste à construire arrogant de croire qu'il n'y a pas ailleurs les moyens de perfectionner ce qui n'est finalement qu'un outil au service de la durabilité. J'ai mis et je mets encore beaucoup d'espoirs dans ce que représente l'agriculture biologique, un langage commun, aujourd'hui encensé  mais évidemment perfectible. J'aime à définir cet outil comme un langage, car c'est cela qui nous lie et nous permet un temps soit peu de nous comprendre.  Il faut donc, puisque la bio figure maintenant dans le langage commun, que les académiciens  de ce mode de production concertent pour en affiner le vocabulaire.

En ce qui me concerne, j'émets le vœux le plus sincère que s'ouvrent un dialogue avec d'autres démarches dont il est inutile de chercher à savoir si elles sont plus ou moins importantes que la bio mais pour lesquelles il est urgent de voir en quoi elles sont complémentaires.

Elles sont nombreuses et c'est un plaisir de les croiser au travers des différentes rencontres permises par Campacity. J'ai imaginé et rassemblé autour de ce projet en me disant que le temps était venu de trouver ce qui pouvait réunir sans cliver. Ce n'est pas moi qui ai inventé l'exode rural, mais j'ai simplement fait le constat que la distance sans cesse grandissante entre deux mondes indissociables, celui des villes et des campagnes,  pouvait nuire tout simplement à notre survie, celle-ci étant conditionnée à la sauvegarde nos systèmes alimentaires.

 

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